45 ANS ET MÉNOPAUSÉE OU PRESQUE...
Eh oui, aujourd'hui, je fête mes 45 printemps ! Un âge où une femme est supposée être en plein épanouissement de sa vie : les enfants ont grandis et sont indépendants, on vient de passer haut la main la crise de milieu de vie grâce à une reconversion professionnelle pour enfin faire ce qui nous fait vibrer, on s'autorise enfin à s'affirmer et sortir avec les copines (et même à organiser une soirée sextoys !), on lâche prise sur la charge mentale plus qu'avant (notamment les tâches ménagères), et on ose s'affirmer (autant que possible) aussi bien pour dire non aux avances insistantes du jeune Valentin 28 ans, taillé comme un dieu grec (ou des sirènes tel Ulysse), aux repas de famille du dimanche avec tonton Jean-Claude le pervers, et aux amies qui tournent en boucle depuis 1998 sur un ex toxique qui les a quitté pour une bimbo préfabriquée. Bref, on s'épanouit !!!
Oui enfin... Ça, c'est ce que veulent bien nous faire croire les magasines et les réseaux, parfois écrits par des trentenaires pimpantes (dont la seule source d'information sur le sujet est Tata Edith qui elle, se taperait bien le petit Valentin), et surtout, c'est une injonction de plus à devenir la femme parfaite.
Alors je ne sais pas vous, mais voici MA réalité...crue, authentique, pathétique parfois, mais vraie de vraie. Et elle n'est sûrement pas la vôtre !
Ce matin de mes 45 ans, je me sens épuisée. Aussi bien physiquement que moralement.
Mes enfants sont encore petits (8 et 10 ans). Oui, j'ai fait le choix de les avoir tard, car pour moi, avoir des enfants n'a jamais été un objectif de vie (et finalement, curiosité quand tu nous tiens... !). Mais comme j'essaie malgré tout d'être une bonne maman, je me tape comme chaque fin d'année, les galas, goûters, représentations, matchs, anniversaires, kermesse, dossiers administratifs, anticipation des vacances et j'en passe. Ça n'en finit plus !... Mais les cours continuent, alors moi aussi, je cours plus que jamais ! Un chef d'orchestre y perdrait la mesure et une nymphomane sont petit coincoin (ok, je sors !)...
Alors oui, je suis à la maison. Pourtant, je n'ai jamais été autant là, sans être là... Ce qui semble fou, c'est que personne ne se rend compte que je suis débordée, que ma to do list ne tient plus sur un format A4, et que je travaille 7 jours sur 7. Ça a l'air si normal ! Ça glisse sur le monde comme des fesses humides sur un toboggan !
Et lorsque je me mets à demander de l'aide, puis à râler, puis à hurler, jusqu'à parfois piquer des crises de nerfs pour me faire entendre, on me dit "tu cries tout le temps", "tu ne m'aimes pas", "c'est pas à moi de ranger, c'est pas mes affaires", "j'ai pas envie", "attends 5 minutes ", "flemme".... Et là, je vous le dis, le dragon intérieur grandit tant et si bien, qu'il pourrait cracher du feu jusqu'à en transformer les poules du voisin en nuggets !
Bref, je suis en périménopause.
Au début, tout avait bien commencé. A la naissance de ma fille, j'avais dit stop aux grossesses, et volontiers accepté une ligature des trompes dans la foulée. Côté pratique : finis la pilule ou le stérilet, pas de frayeur intempestive, vive la liberté ! (Libérée constipée, comme dirait ma fille...)
Chose que je ne savais pas , c'est que cela allait accélérer la phase de préménopause...
- 2 ans plus tard, j'ai des cheveux blancs, mais c'est "stylé". Mes règles ne débarquent plus que 4 ou 5 fois par an, même si je suis en mode hémorragie. Même pas mal... Enfin, c'est vite dit ! On serre les dents tout de même, et hop, un protège dents chez Dr dentiste junior...34 ans, merde, encore trop jeune...
- 3 ans plus tard, ma libido est à son paroxysme ! Je découvre de nouvelles sensations, de nouvelles envies, de nouveaux fantasmes... Je me sens bien dans mon corps, j'ai envie de bouffer le monde, et pas que... Ah merde, quel est le con qui a parlé de COVID ?!...
- 4 ans plus tard, je ressens de nouveaux symptômes étranges.... Tiens, des douleurs aux seins ? C'est quoi ce bordel ? Depuis quand les soutifs sont si inconfortables?!... Bon tant pis pour la gravité et ma cellulite, j'assume les mojitos et les barbec' !
- 5 ans plus tard, je ne dors plus que 3 à 5h par nuit : trop de boulot, pas assez des 24h/jour pour tout faire. L'enfer commence. Je sombre dans un profond mal être psychologique. Je me ferais suivre durant trois ans, la prise de médicaments est catastrophique, j'y renonce définitivement. Pilule rouge ou pilule bleue : tout part à la poubelle, on n'est pas dans Matrix!
- 6 ans plus tard, après 20 ans de boîte et un licenciement, je sors la tenue en sky de Xéna et mon fouet, et pars à l'assaut du monde pour m'affirmer telle que je suis. En mode "poussez-vous de devant"!!! La Pipe-Lette va vous montrer qui elle est, et ça va déménager ! Résultat, le vendredi, c'est sodomie...!!
- 7 ans plus tard, le travail acharné commence à porter ses fruits, mais l'usure est là. A un tel point que mon corps manifeste des problématiques : ménisque du genou fêlé, calcification de l'épaule, douleurs chroniques au dos, lunettes progressives (même si c'est hors sujet), vésicule foutue que je fais retirer. Sans parler des kilos qui (connards) ne veulent plus repartir (la dinde n'est plus celle qu'on bouffe, mais moi !...) Épuisement physique et moral, coups durs de la vie, impatience insupportable que malgré mes efforts, les choses et les gens n'avancent pas tel que je le voudrais... Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes débarquent. Des questions insolubles arrivent dans ma tête. Et, oh ding dong qui va là ? ... C'est la sécheresse vaginale, mon enfant !! ... (Connasse ! Pfff)
- 8 ans plus tard. Aujourd'hui. Je refuse toujours de me teindre les cheveux, mais pense au lifting... Je me réveille 10 fois par nuit, et cherche les significations des heures miroirs... Je n'ai mes règles plus que deux fois par an, mais je le sais car mes seins me préviennent un mois à l'avance, et encore un mois après. Ma fatigue est chronique, je dors parfois 10h par nuit et suis toujours aussi épuisée. J'ai découvert les impatiences aux jambes chaque soir, les douleurs articulaires généralisées, les crises d'angoisse, l'arythmie cardiaque, et le renforcement de ma phobie morbide... J'ai toujours des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes très pénibles. Ma libido se perd trop souvent dans un labyrinthe d'hormones saturé d'œstrogènes. Je me noie dans le boulot pour éviter de penser (et aussi parce que je kiffe ce que je fais , et que c'est mieux que de se noyer dans la vodka !), et fuir mes émotions : trop souvent, je me sens triste, insatisfaite, frustrée, en colère, une mauvaise mère, et tant d'autres choses encore (être trop ou pas assez). Je ne me sens pas reconnue, pas écoutée, pas comprise, pas en sécurité émotionnelle. Et pourtant, j'ai les clés, un trousseau bien fourni pour savoir tout bien tout ce qu'il faut faire comme une bonne thérapeute que je suis ! (Note à mes patients adorés qui témoignent, merciii !) Je les utilise bien sur (les clés, pas les patients, hein...), mais ce n'est pas suffisant. Mon seul sport est le vélo qui fait 20 fois le tour de France dans ma tête en une nuit...
Pourquoi alors ?
Et bien parce que la périménopause, je la vis au taquet. On lit des choses sur les sautes d'humeur, sur une pseudo dépression comme lors du "baby blues", mais en mode "milf blues"... Personnellement, je ne l'ai pas connu (le baby) tout comme lors de mes grossesses, je n'ai jamais eu envie de fraises, et pour tout dire, je suis une très mauvaise élève qui fumait 2 paquets par jour, bouffait du saucisson et du fromage, et continuait les sucreries malgré un diabète, tout en ne prenant que 4 kg (oui je sais, c'est injuste ! Et oui, j'étais déjà une mauvaise mère !)
Mais bref, si je n'ai jamais eu de symptôme hormonal à quelque période que ce soit de ma vie, force est de constater que ce blues de la ménopause ressemble plus à une marche funèbre symphonique, qu'à zéro janvier de Starmania (quoi que j'aurais aussi voulu être une artiste...)!... Je suis devenue infernale pour moi-même et pour les autres. Je me noie dans un chagrin intérieur, un vide béant face auquel j'ai bien du mal à reprendre la main (même pour de la masturbation, c'est dire !)
J'ai tout lu sur le sujet. Des revues médicales aux magasines seniors... On y parle d'hygiène de vie, de sommeil de qualité, de traitements, de plantes, de méditation, d'activité physique régulière, .... Bla bla bla bla. Tout ça, c'est dans les livres, ce n'est pas la vraie vie, avec des gosses, du boulot, une charge mentale, et toute la clique qu'on appelle "la réalité" !
Alors évidemment, après tout ça, ce serait gonflé de ma part de donner des conseils sur le sujet.
Pourtant... Si je dévoile aujourd'hui autant ma vie, mon intimité, c'est pour vous dire une chose mesdames.
Nous ne sommes pas parfaites. Nous ne le serons jamais. Personne ne l'est. Je sais, c'est difficile d'accepter qu'on n'atteindra peut-être jamais ce qu'on voudrait être (ou plutôt ce qu'on nous a demandé d'être), et finalement, ce n'est pas si grave. Tout le monde se fout de notre ventre qui s'arrondit. Les personnes qui nous aiment vraiment ne nous en voudront pas de pleurer sans savoir pourquoi. Elles essaieront même peut-être de nous aider. Ne refusons pas cette aide et vivons la comme un cadeau. Nous méritons de nous porter de l'attention, du temps, de la bienveillance et de l'amour. Nous sommes notre priorité. Et autorisons nous à sortir le dragon si nécessaire ! Les autres s'en remettront ! Nous ne sommes pas foutues parce que nous sommes ménopausées ! Ce nouveau "nous" demande simplement à être dompté, et surtout écouté. Notre corps nous parle, réclame un mode de vie qui soit plus tranquille et plus posé. Alors vous et moi, écoutons ses messages, faisons de cette nouvelle phase de vie une force, soyons résilientes pour écrire une page qui sera remplie d'amour pour soi ! (Et peut-être même pour le jeune Valentin qui sait... Osons !!!)
Et en attendant, buvons un coup à mes 45 ans et à notre ménopause !! Parce que nous le valons bien, merde !