CHARGE MENTALE ET SEXUALITÉ
Ca y est, enfin tu te couches dans ton lit aux côtés de chouchou. Cette journée n’était pas désagréable, mais intense. Tu t’installes tranquillement, et tu profites d’un moment de tendresse dans ses bras. Sa main se glisse doucement sur tes hanches… Un léger désir monte, ses doigts se font plus insistants, plus précis. C’est relaxant, agréable, tu apprécies son odeur, son souffle, ses baisers dans ton cou, et surtout, tu sens dans le bas de ton ventre, qu’il se passe vraiment quelque chose…
Et là, bim ! Va savoir pourquoi, tu te souviens que tu as oublié de signer l’autorisation de sortie piscine du lendemain pour le petit dernier… Ou que tu as omis de déposer le dossier du client Duchemolle sur le bureau du patron… Crotte de crotte ! Evidemment, tu commences cogiter, à projeter la façon dont tu vas procéder dès le lendemain matin pour récupérer ton erreur, les conséquences si tu ne fais rien à temps, et ton cerveau enchaîne en relistant mentalement toutes tes tâches, comme pour t'assurer qu'il n'y a pas d'autre coquille au programme, tout en essayant de te rassurer et de te détendre… Ton cerveau est en méthode Coué : "oh oui c'est bon, je suis détendu.e, j'aime ça... (puis déraillage du wagon :) putain, je vais jamais arriver à jouir..." Bref, au lieu d’avoir l’esprit libre, de te concentrer sur ton corps, ton ressenti, et ton plaisir, tu te retrouves à ce que tes pensées soient en mode file d’attente à la caisse de Carrouf un samedi après-midi : interminable et pénible !
Tu l’as compris, c’est ce qu’on appelle de la charge mentale. Et celle-ci peut non seulement te pourrir la vie, mais aussi ta sexualité ! Ce poids invisible qu’on supporte tous, à différents niveaux d’intensité, c’est anticiper, organiser, prévoir, vérifier, corriger, adapter. Et la charge mentale, on le sait, ce n’est pas très sexy… Elle ressemble plus à Dracula (en mode vampire énergétique qui te suce jusqu’à la moëlle) qu’aux BG de 50 Nuances (ou autre... on n’est pas obligé d’adhérer au BDSM non plus, hein !). Et c’est ainsi qu’on se retrouve avec une fatigue parfois chronique, des humeurs enfermées dans le grand huit de la fête foraine, et tout ça, forcément… ça éloigne de son désir, de son ressenti, de la connexion à soi et à son/sa partenaire… En gros, on est branché, mais en mode avion ! Car oui, ce n’est pas qu’un mythe, le désir a besoin d’espace, de disponibilité mentale, c’est-à-dire de ce qu’on nomme parfois comme un gros mot : « le lâcher prise ».
Ok, mais alors, comment fait-on pour poser le cerveau sur la table de chevet, ou le troquer contre le super gel chauffant, gourmand, vibrant qu’on a acheté il y a déjà plus d’un mois avec impatience, sans avoir encore eu le "courage" de tester… ?
Tout d’abord, en parlant. Pas au moment de passer aux choses sérieuses évidemment ! Quoi que… si ça peut permettre de mieux rebondir quelques minutes après, pourquoi pas ! Ce n’est pas glamour, mais c’est essentiel : la libération du trop plein mental est une étape obligatoire pour laisser la to-do list au pied du lit (ou ailleurs…). Mais, partager ce que tu ressens, exprimer ton épuisement mental, ta difficulté à décrocher, permet de s’alléger, et parfois même, d’être hyper positif pour le couple, grâce au soutien de chouchou, qui saura trouver les mots pour te réconforter, te soutenir, reconnaître ton engagement et tes difficultés. De quoi créer un peu plus encore de complicité, et de solidité dans ton couple.
Aussi, cela peut même possiblement permettre de mener une réflexion commune sur la répartition des tâches, et d'accueillir, accepter que parfois, on a besoin d’aide, d’un coup de main, de s’appuyer sur l’autre pour arriver à bout de toutes les responsabilités à encaisser. Et puis, ça n’a jamais tué personne de remplir le dossier annuel de la cantine, de faire un chèque pour l’école de musique, ou même de nettoyer la cuisine, même si le plan de travail n’est pas désinfecté avec le produit adapté comme on l’aurait fait soi… Soit dit en passant, c’est aussi un bon test pour travailler sur soi, et son propre besoin de contrôle des choses bien faites…
Et puis, surtout, rappelle toi que la sexualité ne doit pas être une tâche de plus sur ta liste ! L’injonction "sortir les poubelles – lancer une machine – faire l’amour", on est d’accord, c’est pas possible… Pas qu’il soit interdit de le prévoir, tel un rendez-vous pour soi, et/ou avec l’autre. Mais avant tout, c’est une respiration, un moment de complicité, de connexion, qui entretient justement le bien-être mental (je vous parlerai un jour du rôle des hormones sur notre santé et notre capacité au bonheur…), et bien plus encore : sensualité, rires partagés, câlins sans fin, expériences inédites, et j’en passe.
Pour ça, pas besoin d’attendre le grand soir ou les draps en satin. Ce qui nourrit ton couple, ce sont ces petits instants où tu redonnes de la place à l’intimité, sans pression, sans enjeu de performance. Comme je le dis souvent : garder la place pour le jeu, en mettant de côté l’enjeu. En gros, c’est du "venez comme vous êtes", on a faim… qu’il s’agisse d'un quickie, d'un resto classique ou d'un gastro.
Préserver ta bulle, ton noyau, sera sans nulle doute, plus épanouissant qu’une maison parfaitement rangée et rutilante… En osant lâcher tes contraintes, en acceptant que tu es TA priorité pour te faire du bien (quitte à noter sur ta liste que le plus important est de prendre du temps de qualité pour toi/pour vous), en étant plus dans l’ÊTRE que dans le FAIRE, alors tu sauras trouver la clé qui mène à l’abandon nécessaire pour ton intimité.
Et sinon, n'hésite pas à te faire accompagner dans ce chemin...