DIS SOPHIE, C'EST QUOI LA PERVERSITÉ ?...


J’entends beaucoup de choses sur la notion de perversité. Mais le plus souvent, il s’agit de projections que chacun se fait, selon son propre curseur de ce qui lui paraît normal ou non. Je vais donc aujourd’hui, vous parler des différentes formes de perversités existantes, et tenter de déterminer une zone de danger qui devrait vous mettre la puce à l’oreille et vous faire sortir un red flag* (drapeau rouge), ou pas.

 

Vous l’avez sûrement vu, j’ai récemment dû aller à la gendarmerie pour porter plainte, suite à la réception d’un dic pick* (image de sexe) envoyé par un homme sur mon téléphone. Ce geste bien que déplacé, serait resté anodin et aurait simplement fini dans ma corbeille comme d’autres, à un détail près... A cette personne, j’ai clairement affirmé un "non", à plusieurs reprises. Et malgré tout, l’image est arrivée jusqu’à moi. Immédiatement, j’ai compris qu’il s’agissait d’un pervers, puisqu’il n’a aucunement été en mesure d’entendre ce "non", de le prendre en compte, et avait pour unique but, de m’envoyer sa photo porno. Par mes compétences et du bon sens, je peux affirmer que cet homme est dangereux. Pas pour moi, mais pour toutes les femmes qui peuvent également lui dire "non" dans la vie, et qu'il ne veut pas écouter.

 

Pour vous expliquer comment tout cela fonctionne, je dois vous partager quelques notions, car une distinction est nécessaire pour ne pas confondre paraphilie* et perversité*.

 

En effet, les paraphilies sont des comportements sexuels non procréatifs, qui font appel aux fantasmes. Autrement dit, toutes les pratiques dites "kinky" (pouvant se traduire par "hors normes"). Je ne le répèterais jamais assez, mais chacun place l’anormalité à des niveaux différents, selon son éducation, ses pratiques, son ouverture d’esprit, son expérience, bref, son cadre et ses limites à un instant T. Ce qui est kinky* pour l’un ne le sera pas pour le voisin !

Pour faire une généralité, disons que la paraphilie va désigner tout ce qui est lié au fétichisme. Par exemple, en la matière, on trouve aussi bien les amoureux des arbres, des objets, mais aussi les obsessions des extraterrestres ou des femmes enceintes. Plus clairement, il s’agit d’une excitation exclusivement provoquée par un élément extérieur, plus ou moins délirant. Le fétichisme* est souvent source de mal-être, car sans cette composante excitatoire, aucun plaisir sexuel n’est ressenti. Il génère donc frustrations, obsessions, voire addictions. Pour vous donner un mot pompeux, on peut citer l’axilisme*, qui est le fait d’éprouver du plaisir à renifler, embrasser ou lécher les aisselles. Il s’agit d’une pratique kinky, d’un fétichisme, d’une paraphilie.

La paraphilie la plus répandue au monde est la podophilie*,  c’est-à-dire le fétichisme général des pieds, des chaussures, des bas et/ou des culottes. La psychanalyse affirme qu’elle naît d’une angoisse de castration.

 

La perversité quant à elle, est le fait de ne pas demander ou de ne pas tenir compte du consentement d’autrui. Agir contre le gré d’une personne, c’est entrer dans une agression. Le pervers est sadique, et a besoin d’un autre pour sévir, sans pour autant lui reconnaître une existence ou une humanité. Il se saisit de personnes le plus souvent en dépendance affective, donne à sa victime ce qu’elle attend, pour ensuite mieux l’en priver, jusqu’à même la dépersonnaliser. Le pervers se définit selon des règles : la solitude, le refus d’altérité, la réification, la réitération, la mise en scène, un fond dépressif, la morbidité et l’obsession.

Mais pour entrer dans plus de concret, dans la relation, on peut noter quatre types de perversités, qui toutes, jouent sur le chaud et froid émotionnel face à leur victime :

  • La perversion caractérielle. Elle concerne celui ou celle qui va piquer des crises de colères, jusqu’à potentiellement frapper un mur par exemple, et ensuite faire culpabiliser l’autre. Ces personnes sont souvent cyclothymiques, voire bipolaires, et nuisent à la fois psychologiquement et physiquement.
  • La perversion paranoïaque. Dans ce cas, les personnes imaginent que l’autre veut le détruire, le frapper, le nuire, et leurs génèrent une anticipation et une défense de ces potentielles attaques (possiblement par l'attaque justement). Il peut potentiellement s'agir de personnes schizophrènes. 
  • La perversion sexuelle. Elle concerne une personne qui cherche à abuser sexuellement d’une autre : violeurs, pédophiles, et toutes mises en danger d'autrui (avec des pratiques telles que le barebacking, la zoophilie, la nécrophilie, l'inceste, ...) qui portent atteinte à l'intégrité physique d'autrui.
  • La perversion narcissique. C'est un sujet dont on entend beaucoup parler aujourd’hui, de façon un peu fourre-tout à mon sens. Car en effet, le pervers narcissique est celui qui agit de loin, avec un projet conscient et calculé depuis longtemps. Ce type de pervers ne choisit généralement pas une personne faible ou vulnérable, car il a besoin de combativité face à lui, qui le nourrit. Son plaisir se manifeste dans un processus de destruction, bien avant que la victime ne comprenne ou n’apprenne ses intentions : sa jouissance tient dans le fait que sa victime ignore qu’elle est victime. Il ne craint que la loi judiciaire ou la loi du groupe, et se sert systématiquement des autres pour agir à sa place. Le pervers narcissique peut jouer sur tous les tableaux et cumuler toutes les perversions, même si elles ne l’excitent pas : son unique but est la destruction. Il peut agir dans un seul secteur (travail, couple, enfants, …) ou dans tous à la fois ; dans tous les cas, l’autre n’existe pas.

 

Ces éléments vous permettront maintenant de comprendre à qui vous avez affaire, et de prendre si besoin les mesures nécessaires pour éviter la perversité et/ou la paraphilie, et ainsi ne pas vous faire prendre dans les mailles de leurs filets, si vous ne le souhaitez pas. Et si vous en êtes victime, n’imaginez pas pouvoir changer la personne : signalez-la, défendez-vous, fuyez ! Et consultez un professionnel, faites vous accompagner, afin de comprendre, mais surtout de renouer avec votre estime de vous, et de tourner le dos définitivement à des comportements ultra toxiques.

 

 

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